WTF PDC ?

23 mars 2021

Que se passe t-il avec la profondeur de champ (PDC) ? En traînant sur internet, vous pourrez lire et entendre tout et parfois n’importe quoi. Certains vont même jusqu’à prétendre que le fait d’être en plein format ne change rien par rapport à un APS-C. Mais alors… qui dit vrai ?

Pour répondre à cette question sans s’enflammer dans des débats compliqués et souvent à côté de la plaque, je vous propose de revenir à la formule de calcul de la PDC.

{\displaystyle \Delta P={\frac {2\ H\ P^{2}}{H^{2}-P^{2}}}}

H c’est l’hyperfocale et P la distance de mise au point. Nous avons besoin de la formule de l’hyperfocale que voici :

{\displaystyle H={\frac {f}{\epsilon \ N}}\simeq {\frac {f^{2}}{c\ N}}}

f c’est la focale, N le diaphragme (ou nombre d’ouverture) et c le cercle de confusion (€ étant l’angle limite de netteté du point de vue de l’appareil photo)

En première conclusion, nous pouvons dire que la PDC dépend de la distance de prise de vue (P), de la focale (f), du diaphragme (N) et du cercle de confusion (c).

Si les trois premiers sont clairs, mesurables et relativement indiscutables, le troisième est celui qui va faire débat. Car le cercle de confusion repose sur une moyenne. En effet, cette valeur dépend de votre acuité visuelle et des conditions de visualisation. Et il y a différentes manière de le calculer. La plus utilisée est la formule de Zeiss (c=d/1730), qui est devenue c=d/1442 pour les appareils numériques actuels (ici, d est la diagonale de la surface sensible, le capteur).

On se rend compte que ce calcul, sans être approximatif, repose sur des valeurs qui ne sont pas fixes. Si votre œil n’a pas 10/10, si vous n’êtes pas dans les bonnes conditions, il y a fort à craindre que votre pouvoir séparateur soit plus faible que celui de votre voisin qui a 11/10 et un bon éclairage.

Alors que conclure ?

D’abord, sans nul doute, la PDC dépend de la distance de prise de vue, de la focale et du diaphragme. Affaire classée. Mais comme nous l’avons vu, elle dépend aussi du cercle de confusion qui dépend lui-même de la diagonale de votre capteur. À cette mesure, il faut ajouter la finesse des points que l’on fait voir… donc la taille des photosites de nos capteurs. Alors même si on peut trouver, à la marge, un homme à l’œil d’aigle qui aura un pouvoir séparateur plus important que le vôtre (et donc verra du flou quand vous pensez voir net), il faut reconnaître que nous ne sommes pas dans le cas général.

La photographie n’est pas que science mais surtout (on l’espère) elle est art et s’adresse au plus grand nombre. Alors oui, théoriquement, on pourrait peut-être trouver un être exceptionnel à l’œil hyper précis et un cas où l’on compare un plein format plein de Mpx et un APS-C pauvrement fourni qui nous amènerait à croire que le format n’a pas d’incidence. Mais ce cas est exceptionnel et n’a rien à voir avec notre appréhension quotidienne de la PDC.

Aussi, la PDC, dans le cadre de notre pratique de photographe, dépend bien :

  • de la distance de prise de vue
  • de la focale de votre objectif
  • du diaphragme
  • et de la taille de votre capteur.

Mais surtout, en APS-C ou en plein format, faites de belles images, le reste on s’en fout un peu.

Note : pour les besoins de la pédagogie, les formules présentées ici sont justes mais sont applicables pour les cas le plus généraux. Si vous êtes dans un cas particulier – distance de mise au point infinie, macrophotographie, tirage exceptionnel… –, d’autres formules s’appliquent. Mais, désolé les grincheux, dans toutes ces formules, les mêmes variables agissent, le raisonnement logique reste le même.

Source : si tu aimes les maths, la profondeur de champ et le cercle de confusion sur Wikipédia.

Photo : reportage pour l’association Plan 9 lors du festival Fenêtre sur courts 2018.

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